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Un projet d'implantation de huit machines de 150 mètres de haut en Côte-d'Or a poussé des riverains à déposer une plainte pour complicité de prise illégale d'intérêts.

Éoliennes : le vent mauvais de la suspicion .Le Figaro du 29 MAI 2016

La corruption et les conflits d'intérêts dans le secteur éolien, dénoncés l'an dernier par un rapport du Service central de prévention de la corruption (SCPC), qui qualifiait de «phénomène d'ampleur» les «cas de prise illégale d'intérêts impliquant des élus locaux», semblent gangrener aussi le monde des commissaires enquêteurs. C’est en tout cas ce que soulève une plainte visant l’un d’entre eux, déposée le 17 mai auprès du procureur de Dijon, MarieChristine Tarrare. Les commissaires enquêteurs sont ceux qui réalisent l’enquête publique préalable aux grands projets de travaux d’aménagement du territoire. Puisqu’ils donnent in fine un avis favorable ou défavorable à la réalisation du projet, ils doivent être parfaitement impartiaux (lire l’encadré). En Côte-d’Or, l’un d’entre eux - une femme - est accusé d’avoir été « juge et partie », selon Thibaud Level, auteur de la plainte et président de l’association «Chazelle-L’Écho Environnement». La procédure, qui dénonce un « conflit d’intérêts parfaitement scandaleux », vise la complicité de prise illégale d’intérêts. Cette commissaire, qui a rédigé des conclusions favorables - en juillet dernier - à la réalisation d’un projet de parc éolien en Bourgogne par la société Maïa Eolis, est par ailleurs associée gérante d’une entreprise prestataire de services pour… Maïa Eolis, propriété d’Engie. Selon nos informations, son entreprise d’ingénierie électrique, ALS Electronics, avait comme cliente Maïa Eolis, exploitante de parcs éoliens détenue à 49 % par la société mère Maïa et à 51 % par Engie, ce groupe étant devenu actionnaire à 100 % en mars dernier.

Les paysages et le patrimoine sont menacés

« Un scandale de plus », s’indignent le plaignant et les nombreux riverains opposés à l’installation d’éoliennes dans cette partie de la Bourgogne, d’autant que « l’enquête publique a validé le projet alors qu’on avait signalé de nombreuses irrégularités », disent-ils. En mars 2016, Thibaud Level avait déjà déposé plainte contre la commission d’enquête publique et plusieurs élus. Le projet prévoit huit éoliennes de 150 mètres de haut et d’une puissance de 3,2 mégawatts chacune, sur un site empiétant sur trois communes : Fontangy, Missery et Noidan. « Au cœur du “pays d’art et d’histoire” de l’Auxois Morvan », peste une habitante, rappelant le label attribué en 1985 par le ministère de la Culture. La contestation des riverains est forte. Elle a d’ailleurs été mentionnée dans l’enquête publique, qui relève 1.922 avis défavorables de citoyens contre 40 favorables. « La région est remplie de châteaux, or les projets éoliens y abondent, elle va être détruite », s’épouvante Thibaud Level. À quatre kilomètres de là, se trouve même Le plus vieux château fort de France : la forteresse de Thil, dont le propriétaire, Perceval Verdon, se désole : « C’est une aberration qui défigure le paysage et le patrimoine, lance-t-il. Une catastrophe pour les biens immobiliers et le tourisme. Pour la santé financière des communes, à qui l’éolien rapporte, on sacrifie des régions de France, on ne peut pas accepter ça. » La Côte-d’Or est le département le plus «doté» de Bourgogne avec une centaine éoliennes installées et plus de trois cents projets, devant l’Yonne qui compte soixante-quinze machines et cent-soixante projets. Président de l’Association du collectif bourguignon (ACB), Michel de Broissia, maire de la petite commune de Champagne-sur-Vingeanne, « ne compte plus les recours devant les tribunaux, le seul moyen qui nous reste pour nous défendre », afin de faire cesser cette « invasion » qui « menace la santé publique, le paysage et l’attractivité du territoire ». Le procureur de Dijon a ouvert une enquête préliminaire, confiée à la gendarmerie.

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